Visio Conférences avec le secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles

Vous trouverez ci-joint le CR réalisé après les deux réunions d’urgence avec l’ensemble des acteurs de la Protection de l’Enfance, réunions pilotées par Monsieur Adrien TAQUET, secrétaire d’Etat en charge de l’Enfance et des Familles.

Crise sanitaire & Protection de l’Enfance :

Adrien TAQUET a réuni en urgence les acteurs de la Protection de l’Enfance à deux reprises.

Les 29 mars et 2 avril derniers, le CNDPF a participé à deux réunions en visioconférence organisées par Adrien TAQUET, Secrétaire d’Etat en charge de l’Enfance et des Familles.

Ces réunions ont eu pour objectif de permettre à l’ensemble des acteurs de la Protection de l’Enfance d’évoquer au Secrétaire d’Etat la réalité des services et des établissements (MECS, AEMO, TISF, MJAGBF, Assistants Familiaux,…) face à la propagation fulgurante de la COVID-19 et de ses variants.

  • Compte-rendu de la réunion du lundi 29/03/2021

Monsieur TAQUET a introduit cette réunion en insistant sur la dégradation de la situation sanitaire illustrée, entre autres, par une augmentation du nombre de patients hospitalisés en service de réanimation conduisant le gouvernement à réfléchir à un durcissement des règles voire une possible fermeture des écoles.

Dans ce contexte, les acteurs de la Protection de l’Enfance ont pu prendre la parole afin de nommer leurs préoccupations.

Malgré une grande disparité des chiffres selon les départements, la CNAPE a précisé que l’augmentation du nombre de cas contacts et de contamination liées à la COVID-19 impacte l’organisation des services et des établissements de la Protection de l’Enfance. Des jeunes professionnels et des jeunes enfants sont touchés par le virus ce qui entraîne nécessairement un manque d’effectif dans les MECS et les lieux d’accueils. La CNAPE a enfin expliqué que les travailleurs sociaux accumulent la fatigue tout comme les enfants, les adolescents et les jeunes majeurs se lassent du contexte sanitaire et des mesures inhérentes. La situation se tend dans bon nombre d’établissement et de services en France.

La plupart des autres acteurs de la Protection de l’Enfance dont le CNDPF ont corroboré ce sentiment de fatigue voire d’épuisement professionnel et ont demandé au Secrétaire d’Etat de mettre en place une vaccination priorisant les professionnels du secteur social et médico-social afin de maintenir l’activité des services et des établissements en France.

Les conséquences de cette crise sanitaire sont multiples :

  • De plus en plus de démissions sont observées chez les Assistantes Familiales ;

  • Difficultés à trouver des aidants familiaux pour assurer des relais dans l’accueil des enfants (ANDASS)

  • Des enfants en souffrance et en proie à de constantes ruptures de parcours (selon l’UFNAFAAM),

  • Des difficultés à trouver un stage/ un apprentissage pour les jeunes en formation (selon ANMECS) ;

  • Une augmentation du nombre d’Informations Préoccupantes, de demandes d’admissions et de violences conjugales (évoqué par plusieurs mouvements) ;

  • Des difficultés d’attractivité des métiers du social et du découragement face au manque de reconnaissance (selon NEXEM) ;

  • Une augmentation des demandes d’urgence (FNAAFP),

  • Une fragilisation des budgets familiaux et des difficultés d’accès aux soins pour les familles (CNDPF).

Monsieur TAQUET a précisé que les tests salivaires déjà déployés au sein des écoles pourraient peut-être être mis en œuvre et que le gouvernement reste dépendant du nombre de doses disponibles. Actuellement la vaccination est faite par tranche d’âge avec 400 000 doses administrées par jour en France.

Le Secrétaire d’Etat souhaite également valoriser les belles histoires de la Protection de l’Enfance et non seulement les parcours délicats sans cesse communiquées par les médias.

Il va essayer de faire valoir les vaccins pour les Assistantes Familiales en priorité.

Une enquête flash a également été demandée à l’ONPE auprès des CRIP quant aux IP en France. Les résultats parviendront dans les semaines à venir.

Concernant enfin la fermeture des écoles, les acteurs présents à la rencontre ont précisé que la décision revient au gouvernement mais que si celle-ci est retenue, elle devra alors être communiquée au plus tôt afin d’anticiper l’organisation des services et des établissements du secteur. Le CNDPF a rajouté qu’il souhaite que des moyens supplémentaires soient déployés pour accompagner l’instruction scolaire à domicile dans un contexte où les familles connaissent des conditions de vie parfois très précaires entravant la scolarisation (logements non adaptés à la configuration familiale par exemple) et où les parents se sentent parfois démunis pour enseigner.

Enfin, cette réunion avait pour objet initial l’impact du contexte sanitaire sur la santé mentale des enfants et des familles. Dans cette perspective, le CNDPF a pris la parole afin de préciser l’importance de renforcer l’accès au soin des familles sur les territoires de France et notamment en ruralité en encourageant la création d’équipe mobiles de santé déjà évoquées par le gouvernement et en développant des moyens supplémentaires quant à l’accès aux CMP aujourd’hui saturés tous comme les services de pédopsychiatrie entre autres. Monsieur TAQUET a reconnu ces difficultés et pris en compte ces revendications.

  • Compte-Rendu de la réunion du vendredi 02/04/2021

Monsieur TAQUET a insisté sur la nécessité de devoir faire baisser la courbe des personnes contaminées. En effet, entre 50 et 100 personnes supplémentaires sont hospitalisées en service de réanimation chaque jour, avec des personnes de plus en plus jeunes et un temps d’hospitalisation de plus long également soit au total près de 5100 personnes en réanimation.

Le secrétaire d’Etat a reprécisé la stratégie du gouvernement sur ce mois d’avril : accélérer la vaccination et freiner l’avancée du virus. Actuellement, plus de 10 000 000 de personnes sont vaccinées (1ère dose). Dans ce contexte, la fermeture des écoles, collèges et lycée a été prononcée jusqu’au 26 avril prochain (voire plus pour l’enseignement secondaire).

Durant cette période, Adrien TAQUET a précisé que les services publics resteront ouverts. Ainsi les tribunaux et les PMI ne fermeront pas. Les droits de visites et d’hébergement restent également maintenus. Le Secrétaire d’Etat a également précisé que des décrets sont en cours de finalisation notamment concernant les personnels prioritaires pour l’accueil de leurs propres enfants à l’école. Les CRIP continuent de fonctionner normalement, les ESSMS restent naturellement ouverts, et la continuité des services d’adoption doit être assurée tout comme les interventions à domicile sont maintenues dans le strict respect des consignes sanitaires. Les colonies de vacances ne sont pas autorisées sauf dans certains cas (séjours organisés par les MECS par exemple), un décret sera publié prochainement à ce sujet. Le Guide COVID-19 est en cours de mise à jour. Enfin, le Secrétaire d’Etat a précisé que malheureusement la vaccination ne peut s’accélérer car elle dépend des doses disponibles, raison pour laquelle la priorisation par âge reste la stratégie première du gouvernement.

L’ANDASS a précisé que les établissements et services en France sont mieux armés dans les structures et dans les départements pour la gestion des cas contacts et cas de contaminations liées à la COVID-19 sans pour autant avoir des armées en réserve de salariés. Une vigilance sur l’absence de sorties par une prolongation des Contrats Jeunes Majeurs est mise en France.

L’ADMR a insisté sur le fait que les interventions de leurs personnels sont maintenues même en présence d’un tiers et souhaite que les TISF soient prioritaires pour les vaccins.

Le GEPSo et l’UNIOPSS ont également énoncé qu’au titre des établissements, l’enjeux est de maintenir un niveau élevé de l’accompagnement afin d’éviter des violences familiales. Concernant l’organisation autour de la scolarité (les éducateurs ne pouvant assurés cette continuité pédagogique), les acteurs de la protection de l’enfance s’interrogent sur comment les enfants faisant l’objet d’une mesure pourraient être accueillis prioritairement dans les centres aérés, lieux d’accueil afin d’éviter le décrochage scolaire ? Monsieur TAQUET a précisé que l’accès aux centres de loisirs n’était pas prioritairement pour les professionnels de la Protection de l’Enfance mais pour l’ensemble des professions indispensables à la gestion de crise sanitaire.

L’UFNAFAAM a expliqué qu’un grand nombre de travailleurs sociaux sont confrontés au non-respect par les familles des gestes barrières avec les enfants. Monsieur TAQUET a précisé qu’il va rappeler les consignes. « Le respect des gestes barrières est la solution pour casser l’épidémie ». L’association représentante des assistants familiaux a également alerté le Secrétaire d’Etat quant aux professionnels malades. Monsieur TAQUET a interrogé les autres acteurs de la Protection de l’Enfance à ce sujet. Certains départements font ainsi appel à des TISF ou des AVS, ou créent des plateformes de remplacement temporaire en mettant en place des systèmes de portage de repas à domicile. Monsieur TAQUET a précisé que ces initiatives doivent être partagées et qu’elles figureront dans le guide COVID-19.

SOS Village d’ENFANTS France a pris la parole afin d’interroger le Secrétaire d’Etat sur le déploiement des tests salivaires qui permettraient de préserver les contaminations avec les droits d’hébergement et d’accueil, et de demander le maintien des classes ULIS. Le maintien de l’ouverture des classes ULIS sera réabordée avec le ministre de l’Education Nationale. Concernant les tests, plus de 3 millions de test sont réalisés chaque semaine. Le représentant de l’Etat en charge de l’Enfance et des Famille a précisé que les tests antigéniques sont déjà une réponse quant au dépistage même s’ils ne sont pas fiables à 100%.

Concernant les Mineurs Non Accompagnés à l’hôtel, Adrien TAQUET a réaffirmé sa volonté à accompagner les départements à sortir de cette situation afin d’éviter la rupture de leur suivi.

Enfin, le CNDPF soutenu par d’autres acteurs, a précisé au Secrétaire d’Etat que les Délégués aux Prestations Familiales (DPFD.P.F. Délégué aux prestations familiales) restent mobilisés durant la crise sanitaire assurant tant une veille éducative que budgétaire. Aussi, le CNDPF s’étonne que les professionnels (DPF) mettant en œuvre des MJAGBF ne figurent pas sur la liste des personnes indispensables à la gestion de l’épidémie pouvant bénéficier d’un mode de garde. Monsieur TAQUET s’est engagé à ré-aborder cela avec les services compétents mais reste sceptique au regard du nombre de professionnels déjà prioritaires sur la liste. Le CNDPF a réitéré sa demande le soir même par écrit au cabinet du Secrétaire d’Etat et reste dans cette attente avec plus de 950 professionnels concernés en France.

La MJAGBF reste autant prioritaire que les autres mesures d’assistance éducative en protection de l’Enfance.

Bérengère TAILLEUX
Présidente du CNDPF de septembre 2013 à novembre 2020 , Retraitée Directrice du Service Action Éducative, Sociale et Familiale. ADSEA77