Position du CNDPF concernant le plan contre les violences scolaires, projet du ministère de l’Education
Début janvier 2019, le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, annonce, parmi une série de mesures visant à lutter contre les comportements violents d’élèves autrement dit contre les violences scolaires, l’étude du projet de suspension ou suppression des prestations familiales, reprenant ainsi une proposition de la droite de la droite de l’échiquier politique (mesure inspirée d’une loi mise en place par le député de droite Eric Ciotti et depuis abrogée sous François Hollande).
Le CNDPF ne peut que déplorer une fois de plus la tentative des gouvernants de s’attaquer aux citoyens les plus vulnérables financièrement à l’approche d’échéances électorales, en usant de ficelles populistes.
En effet, l’impact de la suspension des prestations familiales ne sera ressenti que par les familles qui présentent de faibles ressources et pour lesquelles les prestations familiales représentent un complément indispensable dans leur organisation budgétaire…. Et sera sans effet pour les autres qui ne perçoivent pas de prestations au regard de leur ressources ou bien du fait de ne pas avoir au moins deux enfants à charge (service-public.fr).
Ainsi, que penser d’une mesure qui s’attaque à la frange de la population la plus affaiblie par un environnement socio-économique défavorable et par un discours politique qui ne cesse de violenter les plus fragiles en les rendant exclusivement responsable de leur état ?
Le CNDPF réagit à cette annonce en soulignant les effets délétères sur des parents qui parfois, déjà confrontés à des difficultés éducatives, se verront « punis » de ne pas avoir su ou pu élever leurs enfants dans des conditions de vie suffisamment sécures.
Alors que la violence à l’école est un phénomène complexe qui résulte de nombreux facteurs il serait également de bon ton de mettre en question la violence sourde que l’institution peut faire subir aux enfants en difficultés, en échec et ceux pour lesquels la réponse scolaire telle qu’elle est proposée est sans issue.
Le CNDPF reconnait les difficultés rencontrées par les enseignants face à certains élèves perturbés au point d’utiliser la violence comme mode d’expression quasi exclusif.
Ces constats ne justifient pas pour autant une réponse institutionnelle en miroir, où la violence consécutive à la limitation de ressources pour des parents qui peinent déjà à vivre et à faire vivre leur famille dans des conditions décentes ne peut que provoquer en retour des réactions contraires à celles escomptées.
Le CNDPF rappelle que le paysage administratif et judiciaire de la protection de l’enfance propose déjà des dispositifs pour venir en aide et au besoin sanctionner des enfants et des parents qui ne se soumettent pas aux exigences du vivre ensemble.
Cette mesure de suspension des prestations familiales, si elle devait s’appliquer telle qu’annoncée, représenterait un déni de la fonction du juge des enfants au profit d’une mesure administrative strictement répressive, balayant au passage toute approche éducative, certes plus onéreuse mais plus respectueuse pour celles et ceux qui souffrent de ne pas être de la catégorie des nantis.
Fort de son expertise en matière d’interventions socio-éducatives menées auprès des familles socialement défavorisées, le CNDPF manifeste son opposition au projet de suspension des prestations familiales et s’inscrit délibérément dans la promotion des actions éducatives administrative ou judiciaire existantes pour accompagner les parents et les enfants concernés.
Le 07/02/2019