L’enfant qui se plaignait tout le temps…
Un juge dut un jour prononcer
Une mesure de protection
Pour soutenir, pour accompagner
Et pour aider à la gestion
Du quotidien et du budget
Une famille en situationDe très grandes difficultés
Pour le budget, pour la gestion
Mais surtout gravement perturbée
Sur les questions d’éducation…
Un des gosses, il avait 10 ans,
Se plaignait du matin au soir
Gémissait, pleurait tout le temps,
Ne faisant que broyer le noir
D’un univers désenchantant…
L’éduc chargée de la mesure
Réfléchissait, s’interrogeait
Cherchant à comprendre, bien sûr,
De quoi cet enfant se plaignait…
Le matin pour aller en classe
Et le soir pour rentrer chez lui,
Retrouvant sa mère un peu lasse,
Son frère, sa sœur, son chien, et puis…
Tout le rendait triste à mourir !
Impossible de le faire sourire.
Seuls les écrans l’intéressaient
Et bien sûr il s’y enfermait…
Il paraissait souffrir de tout
Comme s’il avait mal partout!
L’éducatrice un peu inquiète
Lui dit un jour: « Dis moi mon grand
Que se passe-t-il, qu’est-ce qui t’embête,
Où as-tu mal et depuis quand? »
« J’ai un gros bouton sous mon pied
Ça fait longtemps, même très longtemps,
Pour marcher, ça me fait trop mal
Mais quand je dis qu’j’ai mal au pied
Tout l’monde rigole, s’en fiche pas mal
Mon père arrête pas d’rabâcher
« Arrête donc de dire des bêtises
Arrête de t’plaindre et d’pleurnicher
Et tu verras ça ira mieux »
L’éducatrice un peu surprise
Le r’gardait avec de grands yeux.
Personne n’y avait pensé
Une verrue ce n’est pas grand-chose
Mais ça peut drôlement perturber
Et pourquoi pas être la cause
Des multiples complications
Dont souffrait le gosse en question.
Faire du sport devient douloureux,
Les autres se moquent, c’est banal.
Lui ne dit rien, le malheureux,
Mais il en souffre c’est normal…
En classe il ne travaille pas
A la maison n’en parle pas
De peur de se faire engueuler
Se faire punir, se faire moquer.
C’est ainsi que tout s’accumule
Que partout il passe pour un nul,
Un paresseux, un bon à rien,
Un sale drôle, bref, un moins que rien…
La suite fut une succession
De visites et consultations
Chez un dermato très sympa
Qui très gentiment expliqua
Qu’il fallait soigner sérieusement
Ce genre de problème chez l’enfant.
Il pratiqua une ablation,
Prescrivit des médicaments,
Il conseilla l’interruption
Du sport et autres entraînements
Jusqu’à complète guérison.
Le gosse ainsi pris au sérieux
Commença à se sentir mieux…
Les autres ne le regardaient plus
Tout à fait de la même façon.
Lui, souriait un p’tit peu plus
Semblait aller mieux pour de bon.
Notre affaire peut sembler simpliste
Tant la cause paraît dérisoire
Mais l’intérêt de cette histoire
C’est de nous ouvrir une piste:
Argent, éducation, santé
Sont plus liés qu’on ne le croit
Et nous ne pouvons négliger
Aucun élément de ces trois.
Quand l’éduc revit le gamin
Il lui confia qu’il allait bien:
« Verrue du pied ça prend la tête
Alors j’pouvais pas prendre mon pied »
T’as raison mon gars t’es pas bête
Simplement fallait y penser.
Michel Billé.
Paris 01/10/2019